Le ministre de l'Écologie, qui a «mené à bon port» la loi sur l'environnement, nourrit de nouvelles ambitions.
«Dans l'immédiat, mon seul objectif c'est de dormir un peu. Vous ne vous rendez pas compte l'énergie que j'ai mise pour faire adopter cette loi Grenelle II.» Mardi, 17 heures, à l'Assemblée nationale: Jean-Louis Borloo préfère savourer sa victoire que tirer des plans sur la comète. «N'en déplaise aux inquiets, aux tristes et aux grincheux, les 250 articles du projet seront les 250 fleurs du printemps de l'écologie française», se félicite le ministre d'État à l'issue du vote.
Car le numéro deux du gouvernement a fait le plein des voix de la majorité (314) et laissé la gauche et les Verts (214) à leurs contradictions. «La droite et le centre ont été incroyablement soudés. Quant à l'opposition, elle s'oppose. Tout ça n'est pas un drame», relativise-t-il, pas mécontent, selon son expression, «d'avoir mené à bon port» le processus du Grenelle lancé par le chef de l'État en octobre 2007.
Au passage, Jean-Louis Borloo se réjouit du soutien apporté par les grandes associations écologistes ainsi que les ONG à son projet de loi. Un projet qu'il qualifie de «monument législatif inédit sous la Ve République et unique en Europe». Le ministre de l'Écologie en profite aussi pour régler un dernier compte avec l'opposition: «La polémique lancée par la gauche sur l'éolien a été un flop. Le syndicat des énergies renouvelables a salué les avancées contenues dans le texte.» Faussement modeste, il insiste sur les «deux ans et demi de travail acharné, les chausse-trapes tendues et les malentendus levés».
Mine de rien, Jean-Louis Borloo marque des points. Mardi, il a été ovationné lors de la réunion des députés UMP. «Il a été très présent tout au long de la discussion parlementaire et a su modérer les ardeurs de Chantal Jouanno», constate une des voix UMP à l'Assemblée. Après la défaite aux régionales, il a fallu tout le savoir-faire du patron du Parti radical pour apaiser la contestation chez les députés UMP.
Fort de ce nouveau succès au Parlement, le ministre d'État, qui fête ses huit ans de présence ininterrompue au gouvernement, rappelle ses états de service ministériels: programme de rénovation urbaine, plan de cohésion sociale et maintenant le Grenelle. De quoi nourrir de nouvelles ambitions. Mais fidèle à son statut d'éternel ministre de la société civile, Jean-Louis Borloo refuse de parler de son avenir. Un avenir qu'il a évoqué lundi à l'Élysée avec Nicolas Sarkozy. Ses amis radicaux le poussent à se présenter à la présidentielle en 2012. Jean-Pierre Raffarin en fait un des favoris pour succéder à François Fillon à Matignon à l'automne ou l'an prochain. Le ministre du Développent durable répond invariablement: «Je vais regarder tout sérieusement après le Grenelle II.» Quand il n'évoque pas carrément son départ de la vie politique…
Jean-Louis Borloo plaît aux bobos, ces électeurs bourgeois et écologistes que Nicolas Sarkozy pourrait être tenté de rallier en 2012. Pour l'heure, Borloo a le vent en poupe dans les sondages. Il gagne cinq points dans le dernier palmarès Ifop/Paris Match et monte à la 5e place des personnalités les plus populaires. Et à la question, «quel centriste préférez-vous entre François Bayrou et Jean-Louis Borloo?», les Français répondent Borloo. À 59 ans, l'ex-maire de Valenciennes reste atypique. Et cela ne lui réussit pas si mal.
Jean-Louis Borloo plaît aux «bobos», que Nicolas Sarkozy pourrait être tenté de rallier en 2012.
S'il entre à Matignon, il sera difficile d'envisager de se présenter en 2012 contre le président de la République sortant. Et il n'est pas sûr qu'une candidature au centre apporte une dynamique de second tour à Nicolas Sarkozy. Pour ma part, je pense qu'une candidature au centre gauche (Bernard Tapie par exemple au nom des radicaux de gauche) qui choisirait de se rallier à Nicolas Sarkozy au second tour face à une nouvelle mouture de la gauche plurielle, aurait plus de sens en termes de dynamique de second tour.
Rédigé par : Frédéric-Michel Chevalier | lundi 21 juin 2010 à 01h25
L'idée d'une candidature au centre-droit est tout à fait naturelle. Apportera-t-elle une "dynamique de second tour à Nicolas Sarkozy" ? Normalement oui! Comme ce fût toujours le cas.
Maintenant,l'idée de privilégier la candidature d'un Bernard tapie, ou simplement de se positionner au centre-gauche, est plus problématique.Cela signifierait que la Majorité Présidentielle aurait besoin de se positionner dans le camp adverse pour gagner, donc qu'elle ne saurait convaincre par son programme et/ou son candidat sur son propre terrain. Une sorte de désaveu. En tout cas, une démarche qui risquerait de se révéler peu rassembleuse: celles et ceux qui se prononceraient pour un Tapie ne voterait pas nécessairement au second pour le candidat de la droite. L'électorat de Jean-Louis Borloo plus certainement.
Et puis Bernard tapie a-t-il envie de retourner au combat? Répeterait-il son score des Européennes de 1994? Le centre-gauche est désormais très marqué par l'ambition écologique, un projet ou le président du Parti Radical est de l'avis général le plus rassembleur.
Stéphane LEONI
Rédigé par : Stéphane LEONI | lundi 21 juin 2010 à 23h42