Vous vouliez être les leaders de l'opposition. Êtes-vous satisfait du chemin accompli?
Nous
sommes devenus, la troisième force politique du pays, avec près de
50.000 adhérents! Quatre-vingt-dix pour cent des fédérations
départementales ont élu leurs représentants. Quant aux deux groupes, à
l'Assemblée et au Sénat, ils nous ont permis de nous montrer très actifs
dans l'opposition ferme au gouvernement, notamment sur l'emploi, les
enjeux européens et les finances publiques. Nous avons été constructifs
quand il le fallait, comme sur les emplois d'avenir. Un parti cela met
du temps à se construire, nous n'avons que six mois mais nous sommes
aujourd'hui indispensables à l'opposition par nos idées et notre
positionnement.
Arrivez-vous à vous entendre avec l'UMP pour les municipales?
Il
peut y avoir quelques batailles de leadership mais globalement, nous
sommes dans une coalition avec l'UMP. De notre côté, les 200 premières
investitures pour les têtes de listes aux municipales sont quasi
bouclées. Nous espérons de bons résultats dans les villes
traditionnellement de centre droit comme Strasbourg, Metz, Nancy, Laval,
Le Mans, Amiens, Angoulême, Caen et Rouen.
«Quand j'entends Raffarin évoquer sa conception de l'Europe, là, il y a une vraie convergence.»
Quelle ligne proposerez-vous à vos cadres samedi?
Nous
parlerons d'emploi, notre obsession absolue. Je leur demanderai de
voter les dix décisions vitales présentées début mai pour sortir de la
crise. Mais je veux aussi proposer, soixante-dix ans après le Conseil
national de la résistance, de travailler à un "New Deal économique et
social". Il faut s'interroger sur le paritarisme français qui gère plus
de 600 milliards d'euros, soit deux fois plus que l'État. Doit-il être
rénové, refondé ? C'est un débat. C'est donc avec les partenaires
sociaux que nous devons mettre fin à l'incroyable émiettement des
structures en France, en créant par exemple une agence unique de
l'allocation sociale, regroupant tous les acteurs. Il faudra aussi mener
une négociation pour allonger le temps de travail avec des
compensations fortes pour les salariés et dans le même temps faire un
effort d'allégement global des charges de 50 milliards d'euros. C'est le
prix du retour au dynamisme de notre pays. Un programme sur lequel
notre contre-gouvernement, mis en place samedi, aura la charge de
travailler.
Comment ce contre-gouvernement fonctionnera-t-il?
Il
sera composé de 15 grands pôles et d'une trentaine de pôles plus
spécialisés. Par exemple l'enseignement, la jeunesse et les sports avec
Rama Yade, les entreprises et la croissance avec Hervé Morin,
l'intérieur avec Jean-Christophe Lagarde, et bien sûr l'Europe avec Jean
Arthuis. Toutes les semaines, un des membres animera un débat sur son
domaine de compétences, visible sur Internet. Je réunirai ce
contre-gouvernement une fois par mois, Yves Jégo en assurera la
coordination. Nous aurons une capacité de réponse au gouvernement en
temps réel.
Fillon vous a fait quelques appels du pied sur France 2. Sur la ligne, il n'y a pas de grandes différences entre vous et lui…
Oui,
je l'ai noté. Nous avons heureusement plus que convergences que de
divergences. Et l'opposition est riche de talents à l'UDI comme à l'UMP.
Mais à l'UMP, la ligne politique et le leadership ne semblent pas
encore avoir été tranchés.
«Les municipales seront un test.»
Cela vous inquiète?
Oui,
c'est inquiétant quand vous voulez faire gagner votre camp. Il faudra
sans doute, après les municipales des états généraux de l'opposition
pour la reconquête. À l'UDI, nous sommes déterminés à y participer.
Comment empêcher une poussée des populismes aux européennes?
Pour
l'UDI, l'Europe est fondamentale. Cela ne doit pas être une élection
franco-française. Quand je vois qu'une partie de l'UMP envisage de faire
des listes à part, par peur du fédéralisme, je pense qu'il faudra
réunir tous ceux qui veulent un renouveau de l'Europe qu'ils viennent de
la société civile, de la droite européenne, du centre ou de l'écologie
dans une liste qui pourrait s'appeler Les Européens. Quand j'entends
quelqu'un comme Jean-Pierre Raffarin évoquer sa conception de l'Europe,
là, il y a une vraie convergence.
N'est-ce finalement pas la figure tutélaire de Sarkozy qui empêche la reconstruction de l'opposition?
La
reconstruction se fera sur les deux jambes, l'UDI et l'UMP,
c'est-à-dire le centre et la droite dans le respect de chacun. C'est
bien le match nul de novembre 2012 à l'UMP qui entretient les
spéculations autour du retour de Nicolas Sarkozy. Et non l'inverse. La
question en suspens est qui l'emportera au final à l'UMP, de l'aile la
plus à droite ou de l'aile modérée. Les municipales seront sans doute un
test. Pour notre part à l'UDI, nous sommes convaincus que les Français
ont besoin d'une formation politique qui défende l'économie sociale de
marché, toutes les libertés, le développement durable, la relance
économique, une cohésion sociale retrouvée. L'UDI sera, sur ses valeurs,
au rendez-vous des prochaines grandes échéances.